Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/118

Cette page n’a pas encore été corrigée

accablante et la soif inassouvie il y a toujours un abîme de douleur et de regret incommensurable. On y tombe de chaque rive. De quel côté est la chute la plus rude ? Ainsi, lorsqu’on cherche à percer le nuage derrière lequel se tiennent cachées toutes les vérités morales, on se heurte contre le mystère. La société laisse la vérité dans son sanctuaire et tourne autour. Mais lorsqu’une main plus hardie cherche à soulever un coin du voile, elle aperçoit, non pas seulement l’ignorance, la corruption de la société, mais encore l’impuissance et l’imperfection de la nature humaine, des souffrances infinies inhérentes à notre propre cœur, des contradictions effrayantes, des faiblesses sans cause, des énigmes sans mot. Le chercheur de vérités est le plus faible entre les faibles, parce qu’il est à peu près seul. Quand tous chercheront et frapperont, ils trouveront et on leur ouvrira. La nature humaine sera modifiée et ennoblie par cet élan commun, par cette fusion de toutes les forces et de toutes les volontés, que décuplera la force et la volonté de chacun. Jusque-là que pouvez-vous faire, vous qui voulez savoir ? L’ignorance est devant vous comme un mur d’airain, et vous la portez en vous-même. Vous demandez aux hommes pourquoi ils sont fous, et vous sentez que vous-même