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DE GRIBOUILLE

— Comme vous êtes très savant, ajouta Gribouille, peut-être pourrez-vous m’enseigner où je trouverai ce roi-là, à moins que vous ne le soyez vous-même, ce que j’ai toujours soupçonné, sans avoir pour cela mauvaise opinion de vous.

— Fantaisies, rêveries que tout cela, dit M. Bourdon en riant. C’est bien, c’est bien, Gribouille, vous avez fait votre commission. Parlons de vous, mon enfant ; vous voyez que vous n’aurez jamais raison avec vos parents, ils sont trop fins et vous ne l’êtes pas assez. Voulez-vous rester avec moi ? vous n’aurez plus jamais rien à craindre de leur part, et vous deviendrez un si habile homme, que vous commanderez à toute la terre. »

Gribouille soupira et ne répondit point. Et là-dessus M. Bourdon lui tourna le dos, car il ne s’arrêtait jamais longtemps à la même place, et, bien qu’on ne lui vit jamais rien faire, il avait l’air d’être toujours très occupé et grandement pressé.

Toutes les fois que M. Bourdon lui parlait de le garder et de l’instruire, Gribouille se sentait comme transi de peur sans savoir pourquoi. Il retourna chez ses parents et leur raconta tout ce qui lui était arrivé. Il avait bien peur d’avouer que la reine des abeilles avait repris le miel et mis l’âne en fuite ; mais il le fallait bien, et, pour s’excuser, il fut