Page:Sand - Histoire du veritable Gribouille.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
33
DE GRIBOUILLE

— C’est à cause que vous vous appelez Gribouille, répondit M. Bourdon ; cela vous étonne, mais apprenez, mon enfant, que, dans ce monde, il ne s’agit pas de comprendre ce qui nous arrive, mais d’en profiter.

— Eh bien, monsieur, dit Gribouille, quel bien est-ce que vous voulez me faire ?

— C’est à vous de parler, répondit le seigneur.

Gribouille fut bien embarrassé, car, de tout ce qu’il avait vu, rien ne lui faisait envie, et d’ailleurs tout lui semblait trop beau et trop riche pour qu’il fût honnête de le désirer. Quand il eut un peu réfléchi, il dit :

« Si vous pouviez me faire un don qui me fît aimer de mes parents, je vous serais fort obligé.

— Dites-moi d’abord, fit M. Bourdon, pourquoi vos parents ne vous aiment point, car vous me semblez un fort gentil garçon.

— Hélas ! monsieur, reprit Gribouille, ils disent comme ça que je suis trop bête.

— En ce cas, dit M. Bourdon, il faut vous donner de l’esprit. »

Gribouille, qui, dans son rêve, avait déjà refusé l’esprit, n’osa pas cette fois montrer de la défiance.

« Et que faut-il faire, dit-il, pour avoir de l’esprit ?

— Il faut apprendre les sciences, mon petit ami. Sachez