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HISTOIRE

— Gribouille, répondit le riche seigneur avec la même voix ronflante et le même grasseyement que Gribouille avait entendus dans son rêve, je suis bien aise de vous voir ; mais je suis étonné de ce que vous me demandez, car c’est la première fois que nous nous rencontrons. Je sais que vous êtes arrivé cette nuit, mais j’étais couché, et je ne vous ai point vu. »

Gribouille, pensant qu’il avait dit une sottise en parlant de son rêve comme d’une chose que M. Bourdon devait se rappeler, chercha à réparer ses paroles imprudentes en lui demandant s’il n’était point malade.

« Moi, point du tout, je me porte au mieux, répondit M. Bourdon ; pourquoi me demandez-vous cela ?

— C’est à cause, reprit Gribouille de plus en plus interdit, que vous donniez un grand bal et que je pensais que vous y seriez.

— Non, cela m’aurait beaucoup ennuyé, répondit M. Bourdon. J’ai donné une fête pour montrer que je suis riche, mais je me dispense d’en faire les honneurs. Ça, parlons de vous, mon cher Gribouille : vous avez bien fait de venir me voir, car je vous veux du bien.

— C’est donc à cause que je m’appelle Gribouille ? demanda Gribouille qui n’osait faire de questions raisonnables dans la crainte de faire encore quelque bévue.