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Mes bons parens du Plessis, voyant bien réellement que je n’étais pas pressée, me prouvèrent bien réellement aussi qu’ils n’étaient pas pressés non plus de me voir prendre un parti. Ma vie auprès d’eux était enfin conforme à mes goûts et salutaire à mon cœur malade.

Je n’ai pas dit tout ce que j’avais souffert de la part de ma mère. Je n’ai pas besoin d’entrer dans le détail de ses violences et de leurs causes, qui étaient si fantasques qu’elles en paraîtraient invraisemblables. À quoi bon, d’ailleurs ? Elles sont bien mille fois pardonnées dans mon cœur, et comme je ne me crois pas meilleure que Dieu, je suis bien certaine qu’il les lui a pardonnées aussi. Pourquoi offrirais-je ce détail au jugement de beaucoup de lecteurs, qui ne sont peut-être ni plus patiens, ni plus justes à l’habitude, que ne l’était ma pauvre mère dans ses crises nerveuses ? J’ai tracé fidèlement son caractère, j’en ai montré le côté grand et le côté faible. Il n’y a à voir en elle qu’un exemple de la fatalité produite, bien moins par l’organisation de l’individu que par les influences de l’ordre social : la réhabilitation refusée à l’être qui s’en montre digne ; le désespoir et l’indignation de cet être généreux, réduit à douter de tout et à ne pouvoir plus se gouverner lui-même.

Cela seul était utile à dire. Le reste ne regarde que moi. Je dirai donc seulement que je manquai de force pour supporter ses inévitables