Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/764

Cette page n’a pas encore été corrigée

à penser.

J’avais peut-être oublié, depuis quelques années, qui j’étais, et comme quoi mon sang royal s’était perdu dans mes veines en s’alliant, dans le sein de ma mère au sang plébéïen. Je ne crois pas, je suis même certaine que je n’avais pas cru m’élever au-dessus de moi-même en regardant comme naturelle et inévitable l’idée d’entrer dans une famille noble, de même que je ne me crus pas déchue pour n’avoir pas à y prétendre. Au contraire, je me sentais soulagée d’un grand poids. J’avais toujours eu de la répugnance, d’abord par instinct, ensuite par raisonnement, à m’incorporer dans une caste qui n’existait que par la négation de l’égalité. À supposer que j’eusse été décidée au mariage, ce qui n’était réellement pas encore, j’aurais, autant que possible, suivi le vœu de ma grand’mère, mais sans être persuadé que la naissance eût la moindre valeur sérieuse, et dans le cas seulement où j’aurais rencontré un patricien sans morgue et sans préjugés.

Mon cousin Auguste me signifiait, de par la loi du monde, qu’il n’en est pas et qu’il ne peut y en avoir. Tout en avouant que ma manière de voir était religieuse et honorable pour moi, il déclarait qu’elle me déshonorait aux yeux du monde, que personne ne m’y pardonnerait d’avoir fait de trouver quelqu’un qui dût m’approuver.

Que devais-je donc faire selon lui et selon