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Ma mère ne me laissa emporter que quelques livres de prédilection. Elle avait un profond mépris pour ce qu’elle appelait mon originalité. Elle me permit cependant de garder ma femme de chambre Sophie, à laquelle j’étais attachée, et d’emmener mon chien.

Je ne sais plus quelle circonstance nous empêcha de nous installer tout de suite rue Neuve-des-Mathurins. Peut-être une levée de scellés à faire. Nous descendîmes chez ma tante, rue de Bourgogne, et nous y passâmes une quinzaine avant de nous installer dans l’appartement de ma grand’mère.

J’eus une grande consolation à retrouver ma cousine Clotilde, belle et bonne âme, droite, courageuse, discrète, fidèle aux affections, avec un caractère charmant, un enjouement soutenu, des talens et la science du cœur, préférable à celle des livres. Quelque enveloppés d’orages domestiques que nous fussions alors, il n’y eut jamais, ni alors ni depuis, un nuage entre nous deux. Elle aussi me trouvait un peu originale ; mais elle trouvait cela très joli, très amusant, et m’aimait comme j’étais.

Sa douce gaîté était un baume pour moi. Quelque malheureuse ou intempestivement tournée aux choses sérieuses que l’on soit, on a besoin de rire et de folâtrer à dix-sept ans, comme on a besoin d’exister. Ah ! si j’avais eu à Nohant cette adorable compagne, je n’aurais peut-