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avec de grands soins et de grandes ardeurs pour la première enfance ; mais quand ils ont des ailes, quand il s’agit de raisonner et d’utiliser la tendresse instinctive, elle vole sur un autre arbre et les chasse à coups de bec. Tu ne vivrais pas à présent trois jours avec elle sans te sentir horriblement malheureuse. Son caractère, son éducation, ses goûts, ses habitudes, ses idées te choqueront complétement, quand elle ne sera plus retenue par mon autorité entre vous deux. Ne t’expose pas à ces chagrins, consens à aller habiter avec la famille de ton père, qui veut se charger de toi après ma mort. Ta mère y consentira très volontiers, comme tu peux déjà le pressentir, et tu garderas avec elle des relations douces et durables que vous n’aurez point si vous vous rapprochez davantage. On m’assure que, par une clause de mon testament, je peux confier la suite de ton éducation et le soin de t’établir à Réné de Villeneuve, que je nomme ton tuteur, mais je veux que tu acquisses d’avance à cet arrangement, car Mme de Villeneuve surtout ne se chargerait pas volontiers d’une jeune personne qui la suivrait à contre-cœur. »

À ces momens de courte mais vive lueur de sagesse, ma grand’mère avait pris sur moi un empire complet. Ce qui donnait aussi beaucoup de poids à ses paroles, c’était l’attitude singulière et même blessante de ma mère, son refus de venir me soutenir dans mes angoisses, le peu de