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que Leibnitz fût protestant et Mably philosophe. Cela n’était pas entré pour moi dans la discussion intérieure. M’élevant au-dessus des formes de la religion, j’avais cherché à embrasser l’idée mère. J’allais à la messe et n’analysais pas encore le culte.

Cependant, en me le rappelant bien, je dois le dire, le culte me devenait lourd et malsain. J’y sentais refroidir ma piété. Ce n’était plus les pompes charmantes, les fleurs, les tableaux, la propreté, les doux chants de notre chapelle, et les profonds silences du soir, et l’édifiant spectacle des belles religieuses prosternées dans leurs stalles. Plus de recueillement, plus d’attendrissement, plus de prières du cœur possibles pour moi dans ces églises publiques où le culte est dépouillé de sa poésie et de son mystère.

J’allais tantôt à ma paroisse de Saint-Chartier, tantôt à celle de La Châtre. Au village, c’était la vue des bons saints et des bonnes dames de dévotion traditionnelle, horribles fétiches qu’on eût dits destinés à effrayer quelque horde sauvage ; les beuglemens absurdes de chantres inexpérimentés, qui faisaient en latin les plus grotesques calembours de la meilleure foi du monde ; et les bonnes femmes qui s’endormaient sur leur chapelet en ronflant tout haut ; et le vieux curé qui jurait au beau milieu du prône contre les indécences des chiens introduits dans l’église. À la ville, c’étaient les toilettes