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avait dit : « L’esprit vivifie, la lettre tue. Ne faites pas comme ces hypocrites et ces stupides qui font consister toute la religion dans les pratiques du jeûne et de la pénitence extérieure. Lavez vos mains et repentez-vous dans vos cœurs. »

Mais Jésus n’avait eu que des paroles de vie d’une extension immense. Le jour où la papauté et les conciles s’étaient déclarés infaillibles dans l’interprétation de cette parole, il l’avait tuée, ils s’étaient substitués à Jésus-Christ. Ils s’étaient octroyé la divinité. Aussi, forcément entraînés à condamner au feu, en ce monde et en l’autre, tout ce qui se séparait de leur interprétation et des préceptes qui en découlent, ils avaient rompu avec le vrai christianisme, brisé le pacte de miséricorde infinie de la part de Dieu, de tendresse fraternelle entre tous les hommes, et substitué au sentiment évangélique si humain et si vaste le sentiment farouche et despotique du moyen âge.

En principe, la doctrine des jésuites était donc comme son nom l’indique, un retour à l’esprit véritable de Jésus, une hérésie déguisée, par conséquent, puisque l’Église a baptisé ainsi toute protestation secrète ou déclarée contre ses arrêts souverains. Cette doctrine insinuante et pénétrante avait tourné la difficulté de concilier les arrêts de l’orthodoxie avec l’esprit de l’Évangile. Elle avait rajeuni les forces du prosélytisme en touchant le cœur et en rassurant l’esprit, et tandis que l’Église disait à tous : « Hors de