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du matin.

Une considération extérieure donna la victoire au néo-chrétien. Ma grand’mère avait été de nouveau, pendant quelques jours, en danger de mort. Je m’étais cruellement tourmentée de l’idée qu’elle ne se réconcilierait pas avec la religion et mourrait sans sacremens ; mais, bien qu’elle eût été parfois en état de m’entendre, je n’avais pas osé lui dire un mot qui pût l’éclairer sur son état et la faire condescendre à mes désirs. Ma foi m’ordonnait cependant impérieusement cette tentative : mon cœur me l’interdisait avec plus d’énergie encore.

J’eus d’affreuses angoisses à ce sujet, et tous mes scrupules et cas de conscience du couvent me revinrent. Après des nuits d’épouvante et des jours de détresse, j’écrivis à l’abbé de Prémord pour lui demander de me dicter ma conduite et lui avouer toutes les faiblesses de mon affection filiale. Loin de les condamner, l’excellent homme les approuva : « Vous avez mille fois bien agi, ma pauvre enfant, en gardant le silence, m’écrivait-il dans une longue lettre pleine de tolérance et de suavité. Dire à votre grand’mère qu’elle était en danger, c’eût été la tuer. Prendre l’initiative dans l’affaire délicate de sa conversion, cela serait contraire au respect que vous lui devez. Une telle inconvenance eût été vivement sentie par elle, et l’eût peut-être éloignée sans retour des sacremens. Vous avez été bien inspirée de vous taire et de pr