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où mon récit m’entraîne. J’ai voulu la garder pour le joyau principal de cette précieuse couronne.

Un Anglais, M. Auster, neveu de Mme Canning, notre supérieure, avait épousé à Calcutta une belle Indienne, dont il avait eu grand nombre d’enfans, douze, peut-être quatorze. Le climat les avait tous dévorés dans leur bas âge, excepté un fils, qui s’est fait prêtre, et deux filles : Lavinia, qui a été ma compagne à la petite classe ; Elisa, sa sœur aînée, mon amie de la grande classe, qui est aujourd’hui supérieure d’un couvent de Cork, en Irlande.

M. et Mme Auster, voyant périr tous leurs enfans, dont l’organisation splendide semblait se dessécher tout à coup dans un milieu contraire, et ne pouvant abandonner leurs affaires, firent l’effort de se séparer des trois qui leur restaient. Ils les envoyèrent en Angleterre à Mme Blount, sœur de Mme Canning. Voilà du moins l’histoire que l’on racontait au couvent. Plus tard, j’ai entendu dire autrement ; mais qu’importe ? Le fait certain, c’est qu’Elisa et Lavinia se rappelaient confusément leur mère se roulant de désespoir sur le rivage indien tandis que le navire s’en éloignait à pleines voiles. Mises au couvent de Cork, en Irlande, Elisa et Lavinia vinrent en France lorsque Mme Blount se décida à venir habiter, avec sa fille et ses deux nièces, notre couvent des Anglaises. Cette famille avait-elle de