on, elle ne cherchait pas à me retenir et à me faire hésiter dans mon entraînement ; elle croyait à la force des autres comme à la sienne propre. Elle ne s’embarrassait l’esprit d’aucun obstacle et se persuadait qu’il serait très facile de m’obtenir une dispense pour entrer dans la communauté en dépit des statuts de la règle, qui n’admettaient que des Anglaises, des Écossaises ou des Irlandaises dans le couvent. J’avoue que l’idée d’être religieuse ailleurs qu’aux Anglaises me faisait frémir, preuve que je n’avais pas de vocation véritable, et comme je lui avouais le doute que cette préférence pour notre couvent élevait en moi, elle me rassurait avec une adorable indulgence. Elle voulait trouver ma préférence légitime, et cette mollesse de cœur n’altérait pas, suivant elle, l’excellence de ma vocation. J’ai déjà dit quelque part dans cet ouvrage, à propos de la Tour d’Auvergne, je crois, que le cachet de la véritable grandeur est de ne jamais songer à exiger des autres les grandes choses qu’on s’impose à soi-même. La sœur Hélène, cette créature toute d’instincts sublimes, agissait de même avec moi. Elle avait quitté sa famille et son pays, elle était venue avec joie s’enterrer dans le premier couvent qu’on lui avait désigné, et elle consentait à me laisser choisir ma retraite et arranger mon sacrifice. C’était assez, à ses yeux, qu’une personne comme moi, qu’elle regardait comme un grand esprit (parce que je savais ma langue
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