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Villeneuve. Au second, M. et Mme René de Villeneuve avec leurs enfans. Dix ans après l’époque de ma vie que je raconte, Mlle de Villeneuve ayant épousé M. de La Roche-Aymon, demeura, au troisième, et la vieille Mme de Courcelles vivait encore sans défaillance et sans infirmités, lorsque les enfans de Mme de La Roche-Aymon furent installés avec leurs bonnes au quatrième étage ; ce qui faisait en réalité, avec le rez-de-chaussée, cinq générations directes vivant sous le même toit. Et Mme de Courcelles pouvait dire à Mme de Guibert ce mot proverbial si joli : Ma fille, va-t’en dire à ta fille que la fille de sa fille crie.

Toutes ces femmes s’étant mariées très jeunes et étant toutes jolies ou bien conservées, il était impossible de deviner que Mme de Villeneuve fût grand’mère et Mme de Guibert arrière-grand’mère. Quant à la trisaïeule, elle était droite, mince, propre, active. Elle montait légèrement au quatrième pour aller voir les arrière-petits-enfans de sa fille. Il était impossible de ne pas éprouver un grand respect et une grande sympathie en la voyant si forte, si douce, si calme et si gracieuse. Elle n’avait aucun travers, aucun ridicule, aucune vanité. Elle est morte sans faire de maladie, par une indisposition subite à laquelle son grand âge ne put résister. Elle était encore dans toute la plénitude de ses facultés.

Je ne dirai rien de Mme de Guibert, veuve du général de ce nom, qui a eu des talens et du