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pour me divertir. Il n’y avait pas moyen d’être triste ou seulement rêveuse avec elle, et ce qu’il y avait de remarquable dans ce charmant naturel, c’est que son tourbillonnement ne fatiguait jamais. Elle vous arrachait à vous-même et ne vous faisait jamais regretter de vous être laissé aller. Elle était pour moi la santé, la vie de l’âme et du corps. C’était le ciel qui me l’envoyait, à moi qui avais, qui ai toujours eu besoin précisément de l’initiative des autres pour exister.

Je trouvais fort doux d’être aimée ainsi, et je dois ajouter que cette enfant est dans ma vie le seul être dont je me sois sentie aimée à toute heure avec la même intensité et la même placidité.

Comment fit-elle durant deux années d’intimité pour ne pas se lasser de moi un seul instant ? C’est qu’elle avait une libéralité de cœur tout exceptionnelle. C’est aussi qu’elle avait un esprit peu ordinaire. Elle avait trouvé le secret de me transformer, de me rendre amusante, de m’arracher si bien à mes langueurs et à mes abattemens, qu’elle en était venue à me croire vivante comme elle. Elle ne se doutait pas que c’était elle qui me donnait la vie.

On avait au couvent l’enfantine et plaisante habitude d’établir et de respecter le classement de ses amitiés. L’on exigeait cela les unes des autres, ce qui prouve que la femme est née jalouse, et tient à ses droits dans l’aff