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CHAPITRE TREIZIÈME.

Départ d’Isabelle pour la Suisse. — Amitié protectrice de Sophie pour moi. — Fanelly. — La liste des affections. — Anna. — Isabelle quitte le couvent. — Fanelly me console. — Retour sur le passé. — Précautions mal entendues des religieuses. — Je fais des vers. — J’écris mon premier roman. — Ma grand’mère revient à Paris. — M. Abraham. — Études sérieuses pour la présentation à la cour. — Je retombe dans mes chagrins de famille. — On me met en présence d’épouseurs. — Visites chez de vieilles comtesses. — On me donne une cellule. — Description de ma cellule. — Je commence à m’ennuyer de la diablerie. — La vie des saints. — Saint Siméon le Stylite, saint Augustin, saint Paul. — Le Christ au jardin des Oliviers. — L’Évangile. — J’entre un soir dans l’église.


Mon premier chagrin à la grande classe fut le départ d’Isabelle. Ses parens l’emmenaient en Suisse avec sa sœur aînée, qui n’était pas au couvent. Isabelle partit, joyeuse de faire un si beau voyage, ne regrettant que Sophie, et faisant fort peu d’attention à mes larmes. J’en fus blessée. J’aimais Sophie et j’en étais doublement jalouse : jalouse, parce qu’elle me préférait Isabelle ; jalouse, parce que Isabelle me la préférait. J’eus quelques jours de grand chagrin. Mais la jalousie en amitié n’est point mon mal : je la méprise et m’en défends assez bien. Quand je vis Sophie pleurer son amie et dédaigner