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reproches si directs, si nets, et pourtant accompagnés d’un espoir si encourageant, qu’on se sentait courbée, réduite, convaincue, devant elle, sans être ni blessée, ni humiliée ni dépitée. On l’estimait d’autant plus qu’elle avait été plus sincère, on l’aimait d’autant plus qu’on se sentait moins digne de l’amitié qu’elle vous conservait, mais on gardait l’espoir de la mériter, et on y arrivait certainement, tant cette affection était désirable et salutaire.

Plusieurs religieuses avaient une fille, ou plusieurs filles parmi les pensionnaires, c’est-à-dire que, sur la recommandation des parens, ou sur la demande d’un enfant et avec la permission de la supérieure, il y avait une sorte d’adoption maternelle spéciale. Cette maternité consistait en petits soins particuliers, en réprimandes tendres ou sévères à l’occasion. La fille avait la permission d’entrer dans la cellule de sa mère, de lui demander conseil ou protection, d’aller quelquefois prendre le thé avec elle dans l’ouvroir des religieuses, de lui offrir un petit ouvrage à sa fête, enfin de l’aimer et de le lui dire. Tout le monde voulait être la fille de Poulette ou de la mère Alippe. Mme Marie-Xavier avait des filles. On désirait vivement être celle de Mme Alicia, mais elle était avare de cette faveur. Secrétaire de la communauté, chargée de tout le travail de bureau de la supérieure, elle avait peu de loisir et beaucoup de fatigue. Elle avait une fille bien-