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Il y avait dans cette personne charmante quelque chose d’idéal ; je n’exagère pas, et quiconque l’a vue un instant à la grille du parloir, quiconque l’a connue quelques jours au couvent, a ressenti pour elle une de ces subites sympathies mêlées d’un profond respect, qu’inspirent les âmes d’élite. La religion avait pu la rendre humble, mais la nature l’avait faite modeste. Elle était née avec le don de toutes les vertus, de tous les charmes, de toutes les puissances que l’idée chrétienne bien comprise par une noble intelligence ne pouvait que développer et conserver. On sentait qu’il n’y avait point de combat en elle et qu’elle vivait dans le beau et dans le bon comme dans son élément nécessaire. Tout était en harmonie chez elle. Sa taille était magnifique et pleine de grâces sous le sac et la guimpe. Ses mains effilées et rondelettes étaient charmantes, malgré une ankylose des petits doigts qui ne se voyait pas habituellement. Sa voix était agréable, sa prononciation d’une distinction exquise dans les deux langues, qu’elle parlait également bien. Née en France d’une mère française, élevée en France, elle était plus Française qu’Anglaise, et le mélange de ce qu’il y a de meilleur dans ces deux races en faisait un être parfait. Elle avait la dignité britannique sans en avoir la raideur, l’austérité religieuse sans la dureté. Elle grondait parfois, mais en peu de mots, et c’étaient des mots si justes, un blâme si bien motivé, des