Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/414

Cette page n’a pas encore été corrigée

’emmena sans rien dire. La D…… était silencieuse aussi. Quand je fus seule avec Mme Eugénie dans le cloître, je l’embrassai naïvement pour la remercier. Cet élan lui plut. Mme Eugénie n’embrassait jamais personne et personne ne songeait à l’embrasser. Je la vis émue comme une femme qui ne connaît pas l’affection et qui pourtant n’y serait pas insensible. Elle me questionna. Elle avait une manière de questionner très habile ; elle avait l’air de ne pas écouter la réponse, et elle ne perdait ni un mot ni une expression de visage. Je lui racontai tout, elle vit que c’était la vérité. Elle sourit, me serra la main et me fit signe de retourner au jardin.

L’archevêque de Paris venait confirmer quelques jours après. On choisissait les élèves qui avaient fait leur première communion et qui n’avaient pas reçu l’autre sacrement. On les faisait entrer en retraite dans une chambre commune dont Mlle D…… était la gardienne et la lectrice. C’est elle qui faisait les exhortations religieuses. On vint me chercher le jour même, mais Mlle D…… refusa de me recevoir, et ordonna que je ferais ma retraite toute seule dans la chambre qu’il plairait aux religieuses de m’assigner. Alors, Mme Eugénie prit hautement mon parti. « C’est donc une pestiférée ? dit-elle avec son air railleur. Eh bien ! qu’elle vienne dans ma cellule. » Elle m’y conduisit en effet, et Mme Alippe vint nous y joindre. Elles restèrent dans