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devant la porte, qui ne s’ouvrait pas pour de si minces équipages. Le portier, qui était un vieux poudré de bonne maison, voulut m’arrêter au passage. « Pardon, lui dis-je, je vais chez Mme de la Rochejaquelein. — Vous ? dit-il en me toisant d’un air de mépris, apparemment parce que j’étais en manteau et en chapeau sans fleurs ni dentelles. Allons, entrez ! » Et il leva les épaules comme pour dire ! « Ces gens-là reçoivent tout le monde ! »

J’essayai de pousser la porte derrière moi. Elle était si lourde, que je n’en vins pas à bout avec les doigts. Je ne voulais pas salir mes gants, je n’insistai donc pas ; mais comme j’avais déjà monté les premières marches de l’escalier, ce vieux cerbère courut après moi. « Et votre porte ? me cria-t-il. — Quelle porte ? — Celle de la rue ! — Ah, pardon ! lui dis-je en riant, c’est votre porte et non pas la mienne. » Il s’en alla la fermer en grommelant, et je me demandai si j’allais être aussi mal reçue par les illustres laquais de ma compagne d’enfance. En trouvant beaucoup de ces messieurs dans l’antichambre, je vis qu’il y avait du monde, et je fis demander Louise. Je n’étais à Paris que pour deux ou trois jours ; je désirais répondre au désir qu’elle m’avait témoigné de m’embrasser, et je ne voulais causer que quelques minutes avec elle. Elle vint me chercher, et m’entraîna au salon avec la même gaîté et la même cordialité qu’autrefoi