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était temps que tu vinsses nous renforcer un peu. Il y a Isabelle, Sophie et nous deux. Toutes les autres sont des bêtes ou des sages. Dans les sages, il y a Louise de la Rochejaquelein et Valentine de Gouy, qui ont autant d’esprit que des diables et qui sont bonnes, mais pas assez hardies pour planter là la classe. Mais sois tranquille, il y en a de la grande classe qui sortent de même et qui viendront nous rejoindre ce soir. Ma sœur Marcelle en est quelquefois.

— Et alors que fait-on ?

— Tu verras, tu seras initiée ce soir.

J’attendis la nuit et le souper avec grande impatience. Au sortir du réfectoire, on entrait en récréation. Dans l’été, les deux classes se mêlaient dans le jardin. Dans l’hiver (et nous étions en hiver), chaque classe rentrait chez elle, les grandes dans leur belle et spacieuse salle d’études, nous dans notre triste local, où nous n’avions pas assez d’espace pour jouer, et où la D*** nous forçait à nous amuser tranquillement, c’est-à-dire à ne pas nous amuser du tout. La sortie du réfectoire amenait un moment de confusion, et j’admirais combien les diables des deux classes s’entendaient à faire naître ce petit désordre à la faveur duquel on s’échappait aisément. Le cloître n’était éclairé que par une petite lampe qui laissait les trois autres galeries dans une quasi-obscurité. Au lieu de marcher tout droit pour gagner la petite classe, on se jetait dans la galerie