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et le plus navrant, sous prétexte que les enfans gâteraient les meubles et dégraderaient les ornemens, on ôte de leur vue tout ce qui serait un stimulant à la pensée ou un charme pour l’imagination. On prétend que les gravures et les enjolivemens, même les dessins d’un papier sur la muraille leur donneraient des distractions. Pourquoi orne-t-on de tableaux et de statues les églises et les oratoires, si ce n’est pour élever l’âme et la ranimer dans ses langueurs par le spectacle d’objets vénérés ? Les enfans, dit-on, ont des habitudes de malpropreté ou de maladresse. Ils jettent l’encre partout, ils aiment à détruire. Ces goûts et ces habitudes ne leur viennent pourtant pas de la maison paternelle, où on leur apprend à respecter ce qui est beau ou utile, et où, dès qu’ils ont l’âge de raison, ils ne pensent point à commettre tous ces dégâts, qui n’ont tant d’attraits pour eux, dans les pensions et dans les colléges, que parce que c’est une sorte de vengeance contre la négligence ou la parcimonie dont ils sont l’objet. Mieux vous les logeriez, plus ils seraient soigneux. Ils regarderaient à deux fois avant de salir un tapis ou de briser un cadre. Ces vilaines murailles nues où vous les enfermez leur deviennent bientôt un objet d’horreur, et ils les renverseraient s’ils le pouvaient. Vous voulez qu’ils travaillent comme des machines, que leur esprit, détaché de toute préoccupation, fonctionne à l’heure, et soit inaccessible