Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/330

Cette page n’a pas encore été corrigée

instruite pour mon âge, et qu’on me ferait perdre mon temps si on me mettait en classe avec les enfans. On était divisé en deux sections, la petite classe et la grande classe. Par mon âge, j’appartenais réellement à la petite classe, qui contenait une trentaine de pensionnaires de six à treize ou quatorze ans. Par les lectures qu’on m’avait fait faire et par les idées qu’elles avaient développées en moi, j’appartenais à une troisième classe qu’il aurait peut-être fallu créer pour moi et pour deux ou trois autres : mais je n’avais pas été habituée à travailler avec méthode, je ne savais pas un mot d’anglais. Je comprenais beaucoup d’histoire et même de philosophie : mais j’étais fort ignorante, ou tout au moins fort incertaine sur l’ordre des temps et des événemens. J’aurais pu causer de tout avec les professeurs et peut-être même voir un peu plus clair et plus avant que ceux qui nous dirigeaient : mais le premier cuistre venu m’aurait fort embarrassée sur des points de fait, et je n’aurais pu soutenir un examen en règle sur quoi que ce fût.

Je le sentais bien, et je fus très soulagée d’entendre la supérieure déclarer que, n’ayant pas encore reçu le sacrement de confirmation, je devais forcément entrer à la petite classe.


FIN DU TOME SIXIÈME.


Typographie L. Schnauss.