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CHAPITRE ONZIÈME.

Récit d’une profonde douleur que tout le monde comprendra. — Mouvement de dépit. — Délation de Mlle Julie. — Pénitence et solitude. — Soirée d’automne à la porte d’une chaumière. — On me brise le cœur. — Je me raidis contre mon chagrin et deviens tout de bon un enfant terrible. — Je retrouve ma mère. — Déception. — J’entre au couvent des Anglaises. — Origine et aspect de ce monastère. — La supérieure. — Nouveau déchirement. — La mère Alippe. — Je commence à apprécier ma situation et je prends mon parti. — Claustration absolue.


Malgré toutes ces distractions et tous ces étourdissemens, je nourrissais toujours au fond de mon cœur une sorte de passion malheureuse pour ma mère absente. De notre cher roman, il n’était plus question le moins du monde, elle l’avait bien parfaitement oublié ; mais moi j’y pensais toujours. Je protestais toujours, dans le secret de ma pensée, contre le sort que ma pauvre bonne maman tenait tant à m’assurer. Instruction, talens et fortune, je persistais à tout mépriser. J’aspirais à revoir ma mère, à lui reparler de nos projets, à lui dire que j’étais résolue à partager son sort, à être ignorante, laborieuse et pauvre avec elle. Les jours où cette résolution me dominait, je négligeais bien mes leçons, il faut l’avouer. J’étais grondée, et ma résolution n’en