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toute petite en Espagne. Votre père était un brave militaire et bon comme un ange. »

Plus tard, à Paris, ayant plus de vingt ans, j’ai été abordée sur le boulevard par un officier à demi solde qui m’a demandé si je n’étais pas la fille du pauvre Dupin, et dans un restaurant, d’autres officiers qui dînaient à une autre table sont venus faire la même question aux personnes qui étaient avec moi. C’étaient de braves débris de notre belle armée, mais j’ai la mémoire des noms si peu certaine que je craindrais de me tromper en les citant. Dans toutes ces rencontres, j’ai toujours entendu faire de mon père les plus vifs et les plus tendres éloges.

J’ai dit que mon frère était grand observateur et critique judicieux pour son âge. Il me faisait part de ses remarques, et nous remarquâmes, en effet, que les réconciliations du nouveau pouvoir avec l’armée s’opéraient toujours en commençant par les plus hauts grades. Ainsi, vers la fin du passage, les officiers supérieurs exhibaient avec satisfaction des étendards fleurdelisés, brodés, disait-on, par la duchesse d’Angoulême, et qu’elle leur avait envoyés en signe de bienveillance. Les officiers de moindre grade se montraient irrésolus ou sur la réserve. Les sous-officiers et les soldats étaient tous franchement et courageusement des bonapartistes, comme on disait alors, et quand vint l’ordre définitif de changer de drapeau et de cocarde, nous vîmes