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, âge que j’ai vu atteindre et dépasser par ma mère sans amener la moindre diminution dans son énergie morale et physique.

Ma grand’mère ne pouvait plus guère supporter le bruit de l’enfance, et je me faisais volontairement, mais sans effort et sans souffrance, de plus en plus taciturne et immobile à ses côtés. Elle sentait que cela pouvait être préjudiciable à ma santé, et elle ne me gardait plus guère auprès d’elle. Elle était poursuivie par une somnolence fréquente, et comme son sommeil était fort léger, que le moindre souffle la réveillait péniblement, elle voulut, pour échapper à ce malaise continuel, régulariser son sommeil de la journée. Elle s’enfermait donc à midi pour faire sur son grand fauteuil une sieste qui durait jusqu’à trois heures. Et puis c’étaient des bains de pieds, des frictions et mille soins particuliers qui la forçaient à s’enfermer avec Mlle Julie, si bien que je ne la voyais plus guère qu’aux heures des repas et pendant la soirée, pour faire sa partie ou tenir les cartes, tandis qu’elle faisait des patiences et des réussites. Cela m’amusait médiocrement, comme on peut croire : mais je n’ai point à me reprocher d’y avoir jamais laissé paraître un instant d’humeur ou de lassitude.

Chaque jour j’étais donc livrée davantage à moi-même, et les courtes leçons qu’elle me donnait consistaient en un examen de mon cahier