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rnier jour avec un zèle parfait ; elles lui ont fermé les yeux. Je leur ai donc pardonné tous les ennuis et toutes les larmes qu’elles m’ont coûté, l’une par sa sollicitude féroce pour ma personne, l’autre par l’abus de son influence sur ma bonne maman.

Elles étaient donc dans ma chambre à chuchotter, et que de choses de ma famille j’ai su par elles, que j’aurais bien mieux aimé ne pas savoir si tôt !…… Et ce jour-là, elles disaient : (Julie.) « Voyez comme cette petite est folle d’adorer sa mère ! sa mère ne l’aime point du tout. Elle n’est pas venue une seule fois la voir depuis qu’elle est malade. — Sa mère ! disait Rose, elle est venue tous les jours savoir de ses nouvelles. Mais elle n’a pas voulu monter, parce qu’elle est fâchée contre madame, à cause de Caroline. — C’est égal, reprenait Julie, elle aurait pu venir voir sa fille sans entrer chez madame ; mais elle a dit à M. de Beaumont qu’elle avait peur d’attraper la rougeole. Elle craint pour sa peau ! — Vous vous trompez, Julie, répartit Rose ; ce n’est pas comme cela. C’est qu’elle a peur d’apporter la rougeole à Caroline, et pourquoi faudrait-il que ses deux filles fussent malades à la fois ? C’est bien assez d’une. »

Cette explication me fit du bien et calma mon désir d’embrasser ma mère. Elle vint le lendemain jusqu’à la porte de ma chambre et me cria : Bonjour, à travers. « Va-t’en, ma petite mère, lui dis-je ; n’entre pas. Je ne veux pas