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qu’on lui imposait, et qu’elle fut grondée pour avoir laissé échapper en présence de sa tante quelque tu au lieu de vous en parlant à ma personne, je fus forcée de consentir à ce qu’elle perdît avec moi cette douce et naturelle familiarité. Cela me fit souffrir longtemps, et même j’essayai de lui donner de vous pour rétablir l’égalité entre nous. Elle en ressentit beaucoup de chagrin. « Puisqu’on ne vous défend pas de me tutoyer, me disait-elle, ne m’ôtez pas ce plaisir-là ; car, au lieu d’un chagrin, ça m’en ferait deux. » Alors comme nous étions assez savantes pour nous amuser des mots de notre première enfance : « Tu vois, lui disais-je, ce que c’est que ce maudit richement, que tu voulais me faire aimer et que je n’aimerai jamais. Cela ne sert qu’à vous empêcher d’être aimé. — Ne croyez pas cela de moi, disait Ursule, vous serez toujours ce que j’aimerai le mieux au monde : que vous soyez riche ou pauvre, ça m’est bien égal. » Cette excellente fille, qui vraiment m’a tenu parole, apprenait l’état de tailleuse, où elle est devenue fort habile. Bien loin d’être paresseuse et prodigue, comme on craignait qu’elle ne le devînt, elle est une des femmes les plus laborieuses et les plus raisonnables que je connaisse.

Je crois me rappeler positivement maintenant que ma mère passa cet été-là avec moi et que j’eus du chagrin, parce que jusqu’alors j’avais couché dans sa chambre quand elle était à