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petit commerce qui le dédommageait un peu de la modicité du prix attribué généralement aux leçons d’écriture.

D’abord toutes ces inventions nous firent beaucoup rire ; mais au bout de cinq minutes d’essai, nous reconnûmes que c’était un vrai supplice, que les doigts s’ankylosaient, que le bras se raidissait et que le bandeau donnait la migraine. On ne voulut pas écouter nos plaintes et nous ne fûmes débarrassés de M. Loubens, que lorsqu’il eut réussi à nous rendre parfaitement illisibles.

La maîtresse de piano s’appelait Mme de Villiers. C’était une jeune femme toujours vêtue de noir, intelligente, patiente, et de manières distinguées.

J’avais en outre, pour moi seule, une maîtresse de dessin, Mlle Greuze, qui se disait fille du célèbre peintre, et qui l’était peut-être. C’était une bonne personne, qui avait peut-être aussi du talent, mais qui ne travaillait guère à m’en donner, car elle m’enseignait de la manière la plus bête du monde, à faire des hachures avant de savoir dessiner une ligne, et à arrondir de gros vilains yeux, avec d’énormes cils qu’il fallait compter un à un, avant d’avoir l’idée de l’ensemble d’une figure.

En somme, toutes ces leçons étaient un peu de l’argent perdu. Elles étaient trop superficielles pour nous apprendre réellement aucun art.