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vous fasse appeler, car il faut que la fée s’en mêle, et votre curiosité pourrait la contrarier. »

Nous observâmes religieusement cette prescription, et à l’heure dite, ma mère vint nous chercher. Elle nous amena par le sentier en face de la grotte, nous défendit de regarder derrière, et, me mettant une petite baguette dans la main, elle frappa trois fois dans les siennes, me recommandant de frapper en même temps de ma baguette le centre de la grotte, qui présentait alors un orifice garni d’un tuyau de sureau. Au troisième coup de baguette, l’eau, se précipitant dans le tuyau, fit irruption si abondamment, que nous fûmes inondées, Ursule et moi, à notre grande satisfaction, et en poussant des cris de joie délirante. Puis, la cascade tombant de deux pieds de haut dans le bassin formé par la terrine, offrit une nappe d’eau cristalline, qui dura deux ou trois minutes et s’arrêta… lorsque toute l’eau du vase que ma bonne, cachée derrière la grotte, versait dans le tuyau de sureau fut épuisée, et que, débordant de la terrine, l’onde pure eût copieusement arrosé les fleurs plantées sur ses bords. L’illusion fut donc de courte durée, mais elle avait été complète, délicieuse, et je ne crois pas avoir éprouvé plus de surprise et d’admiration quand j’ai vu par la suite les grandes cataractes des Alpes et des Pyrénées.

Quand la grotte eut atteint son dernier degré de perfection, comme ma grand’mère ne l’avait