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partie du ballet, et le tout réussit à merveille. La pièce n’était ni longue ni compliquée. C’était un à-propos des plus naïfs, et le dénouement était la présentation d’un bouquet à Marie. Hippolyte, comme le plus âgé et le plus savant, avait les plus longues tirades, mais quand l’auteur vit que la meilleure mémoire de nous trois était celle d’Ursule, et qu’elle avait un singulier plaisir à dégoiser son rôle avec aplomb, il allongea ses répliques et montra notre babillarde drolette sous son véritable aspect. C’est ce qu’il y eut de meilleur dans la pièce. Elle y conservait son surnom de Caquet Bon-Bec, et y adressait à la bonne maman un compliment de longue haleine et des couplets qui ne finissaient pas.

Je ne dansai pas mon boléro avec moins d’assurance. La timidité et la gaucherie ne m’étaient pas encore venues, et je me souviens que Deschartres m’impatientant, parce que, soit émotion, soit incapacité, il ne jouait ni juste ni dans le rhythme, je terminai le ballet par une improvisation d’entrechats et de pirouettes qui fit rire ma grand’mère aux éclats. C’était tout ce que l’on voulait, car il y avait environ trois ans que la pauvre femme n’avait souri. Mais, tout-à-coup, comme effrayée d’elle-même, elle fondit en larmes, et l’on se hâta de me prendre par les pieds au milieu de mon délire chorégraphique, de me faire passer par-dessus la rampe et de