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et lui dit : « Eh bien ! il est à moi aussi, comme Caroline est à toi. » Et nous fûmes élevés ensemble, tantôt sous ses yeux, tantôt sous ceux de ma grand’mère.

Deschartres m’apparut aussi ce jour-là pour la première fois. Il avait des culottes courtes, des bas blancs, des guêtres de nankin, un habit noisette très long et très carré, et une casquette à soufflet. Il vint gravement m’examiner, et, comme il était très bon médecin, il fallut bien le croire quand il déclara que j’avais la gale ; mais la maladie avait perdu son intensité, et ma fièvre ne venait que d’un excès de fatigue. Il recommanda à mes parens de nier cette gale que nous apportions, afin de ne pas jeter l’effroi et la consternation dans la maison. Il déclara devant les domestiques que c’était une petite éruption fort innocente, et elle ne se communiqua qu’à deux autres enfans, qui, surveillés et soignés à temps, furent promptement guéris, sans savoir de quel mal.

Pour moi, au bout de deux heures de repos sur le lit de ma grand’mère, dans cette chambre fraîche et aérée où je n’entendais plus l’agaçant bourdonnement des moustiques de l’Espagne, je me sentis si bien que j’allai courir dans le jardin avec Hippolyte. Je me souviens qu’il me tenait par la main avec une sollicitude extrême, croyant qu’à chaque pas j’allais tomber. J’étais un peu humiliée qu’il me crût si petite fille, et