longue et à manches plates, qu’elle n’avait pas voulu modifier selon les exigences de la mode de l’Empire, sa perruque blonde et crêpée en touffe sur le front, son petit bonnet rond avec une cocarde de dentelle au milieu, firent d’elle pour moi un être à part, et qui ne ressemblait à rien de ce que j’avais vu.
C’était la première fois que nous étions reçues à Nohant, ma mère et moi. Après que ma grand’mère eut embrassé mon père, elle voulut embrasser ma mère aussi ; mais celle-ci l’en empêcha en lui disant : — Ah ! ma chère maman, ne touchez ni à moi ni à ces pauvres enfans.
Vous ne savez pas quelles misères nous avons subies, nous sommes tous malades.
Mon père, qui était toujours optimiste, se mit à rire, et me mettant dans les bras de ma grand’mère : — Figure-toi, lui dit-il, que ces enfans ont une petite éruption de boutons, et que Sophie, qui a l’imagination très frappée, s’imagine qu’ils ont la gale.
— Gale ou non, dit ma grand’mère en me serrant contre son cœur, je me charge de celui-là. Je vois bien que ces enfans sont malades, ils ont la fièvre très fort tous les deux ; ma fille allez vite vous reposer avec votre fils, car vous avez fait là une campagne au dessus des forces humaines. Moi, je soignerai la petite. C’est trop