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du charme de notre intérieur, sans affaires, sans inquiétudes, sans distractions pénibles ! Il y a si longtemps que je désire ce bonheur complet !

« Le prince m’a dit hier qu’il allait passer quelque temps à Baréges avant que d’aller à sa destination. De mon côté, j’allongerai ma courroie jusque vers les eaux de Nohant, auxquelles nous ferons subir préalablement le miracle des noces de Cana. Je crois que Deschartres se chargera volontiers du prodige.

« Je réserve le baptême de mon nouveau-né pour les fêtes de Nohant.

Belle occasion pour sonner les cloches et faire danser le village. Le maire inscrira mon fils au nombre des Français, car je ne veux point qu’il ait jamais rien à démêler avec les notaires et les prêtres castillans.

« Je ne conçois pas que mes deux dernières lettres aient été interceptées. Elles étaient d’une bêtise à leur faire trouver grâce devant la police la plus rigide. Je te faisais la description d’un sabre africain dont j’ai fait l’acquisition. Il y avait deux pages d’explications et de citations. Tu verras cette merveille, ainsi que l’indomptable Leopardo d’Andalousie, que je prierai Deschartres d’équiper un peu, après avoir toutefois frappé d’avance une réquisition sur tous les matelas de la commune, pour garnir le manége qu’il aura choisi.

« Adieu, ma bonne mère, je te manderai le jour de mon départ et celui de mon arrivée.