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leurs rêveries, et il est certain que je n’avais jamais voulu demander l’explication de mes orblutes. Je voulais découvrir le problème toute seule, ou peut-être bien avais-je été déçue de quelque autre illusion par des explications qui m’en avaient ôté le charme secret.

Je gardai le silence sur ce nouveau prodige, et pendant plusieurs jours, oubliant les ballets, je laissai mon pauvre lapin dormir tranquille, et la psyché répéter l’image immobile des grands personnages représentés dans les tableaux. J’avais la patience d’attendre que je fusse seule pour recommencer mon expérience. Mais enfin ma mère étant rentrée sans que j’y fisse attention, et m’entendant m’égosiller, vint surprendre le secret de mon amour pour le grand soleil de la terrasse. Il n’y avait plus à reculer : je lui demandai où était le quelqu’un qui répétait toutes mes paroles, et elle me dit : C’est l’écho.

Bien heureusement pour moi, elle ne m’expliqua pas ce que c’était que l’écho. Elle n’avait peut-être jamais songé à s’en rendre compte ; elle me dit que c’était une voix qui était dans l’air, et l’inconnu garda pour moi sa poésie. Pendant plusieurs autres jours, je pus continuer à jeter mes paroles au vent. Cette voix de l’air ne m’étonnait plus, mais me charmait encore. J’étais satisfaite de pouvoir lui donner un nom, et de lui crier : « Echo, es-tu là ? m’entends-tu ? Bonjour, écho ! »