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Mais je découvris bientôt sur la terrasse un autre phénomène dont jusque-là je n’avais eu aucune idée. La place était souvent déserte, et, même en plein jour, un morne silence régnait dans le palais et aux environs. Un jour, ce silence m’effraya et j’appelai Weber, que je vis passer sur la place. Weber ne m’entendit pas ; mais une voix toute semblable à la mienne répéta le nom de Weber à l’autre extrémité du balcon.

Cette voix me rassura ; je n’étais plus seule. Mais, curieuse de savoir qui s’amusait à me contrefaire, je rentrai dans l’appartement croyant y trouver quelqu’un. J’y étais absolument seule comme à l’ordinaire.

Je revins sur la terrasse et j’appelai ma mère. La voix répéta le mot d’une façon très douce, mais très nette, et cela me donna beaucoup à penser. Je grossis ma voix, j’appelai mon propre nom qui me fut rendu aussitôt, mais plus confusément. Je le répétai sur un ton plus faible, et la voix revint faible, mais bien plus distincte et comme si l’on me parlait à l’oreille. Je n’y comprenais rien ; j’étais persuadée que quelqu’un était avec moi sur la terrasse ; mais, ne voyant personne et regardant à toutes les fenêtres qui étaient fermées, j’étudiai ce prodige avec un plaisir extrême.

L’impression la plus étrange pour moi était d’entendre mon propre nom répété avec ma propre voix. Alors il me vint à l’esprit une explication