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CHAPITRE DEUXIÈME.

Intérieur de mes parens. — Mon ami Pierret. — Départ pour l’Espagne. — Les poupées. — Les Asturies. — Les liserons et les ours. — La tache de sang. — Les pigeons. — La pie parlante. — La reine d’Etrurie. — Madrid. — Le palais de Godoy. — Le lapin blanc. — Les jouets des infans. — Le prince Fanfarinet. — Je passe aide-de-camp de Murat. — Sa maladie. — Le faon de biche. — Weber. — Première solitude. — Les mamelucks. — Les Orblutes. — L’écho. — Naissance de mon frère. — On s’aperçoit qu’il est aveugle. — Nous quittons Madrid.


Tous mes souvenirs d’enfance sont bien puérils, comme l’on voit ; mais si chacun de mes lecteurs fait un retour sur lui-même en me lisant, s’il se retrace avec plaisir les premières émotions de sa vie, s’il se sent redevenir enfant pendant une heure, ni lui ni moi n’aurons perdu notre temps, car l’enfance est bonne, candide, et les meilleurs êtres sont ceux qui gardent le plus, qui perdent le moins de cette candeur et de cette sensibilité primitives.

J’ai très peu de souvenir de mon père avant la campagne d’Espagne. — Il était si souvent absent, que je dus le perdre de vue pendant de longs intervalles. Il a pourtant passé auprès de nous l’hiver de 1807 à 1808, car je me rappelle vaguement de tranquilles dîners à la lumière,