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en temps de paix et les campagnes d’antichambre ne lui réussissaient pas.

La guerre seule pouvait le faire sortir de l’impasse de l’état-major.

Il retourna au camp de Montreuil avec Dupont. Ma mère l’y suivit au printemps de 1805 et y passa deux ou trois mois au plus, durant lesquels ma tante Lucie prit soin de ma sœur et de moi. Cette sœur, dont j’aurai à parler plus tard et dont j’ai déjà indiqué l’existence, n’était pas fille de mon père. Elle avait cinq ou six ans de plus que moi et s’appelait Caroline. Ma bonne petite tante Lucie avait épousé M. Maréchal, officier retraité, dans le même temps que ma mère épousait mon père. Une fille était née de leur union cinq ou six mois après ma naissance. C’est ma chère Clotilde : la meilleure amie peut-être que j’aie jamais eue. Ma tante demeurait alors à Chaillot où mon oncle avait acheté une petite maison, alors en campagne, et qui serait aujourd’hui en ville. Elle louait, pour nous promener, l’âne d’un jardinier du voisinage. On nous mettait sur du foin dans les paniers destinés à porter les fruits et les légumes au marché, Caroline dans l’un, Clotilde et moi dans l’autre. Il paraît que nous goûtions fort, « cette façon d’aller. » Pendant ce temps-là, l’empereur Napoléon, occupé à d’autres soins et s’amusant à d’autres chevauchées, s’en allait en Italie mettre sur sa tête la couronne de fer. Guai a chi la tocca ! avait