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officier selon le bon plaisir du maître. Tu verras que tu ne te réjouiras pas bien longtemps de cette espèce de restauration monarchique, et que pour moi, du moins, tu regretteras les hasards de la guerre et la grande émulation républicaine.

« Le poste que j’occupe n’est pas désagréable en soi-même, et, en temps de guerre, il est brillant, parce qu’il nous expose et nous fait agir : mais en temps de paix, il est assez sot, et, entre nous soit dit, peu honorable. Nous ne sommes après tout, que des laquais renforcés. Nous dépendons de tous les caprices d’un général. Si nous voulons sortir, il faut rester ; si nous voulons rester, il faut sortir. À la guerre, c’est charmant : ce n’est pas au général que nous obéissons. Il représente le drapeau de la patrie. C’est pour le salut de la chose publique qu’il dispose de nos volontés, et quand il nous dit : « Allez à droite ; si vous n’y êtes pas tué vous irez ensuite à gauche ; et si vous n’êtes pas tué à la gauche, vous irez ensuite en avant, « c’est fort bien ; c’est pour le service, et nous sommes trop heureux de recevoir de pareils ordres. Mais en temps de paix, quand il nous dit : « Montez à cheval pour m’accompagner à la chasse, ou venez faire des visites avec moi pour me servir d’escorte, « ce n’est plus si drôle. C’est à son caprice personnel que nous obéissons. Notre dignité en souffre, et la mienne est je l’avoue, à une rude épreuve. Dupont est pourtant d’un