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temps je ne me trouve bien nulle part. Je vais goûter à Nohant près de toi le calme dont j’ai besoin. Mes camarades Morlin, Marin et Decouchy sont en route. Nous allons laisser notre général seul. On ne dit encore rien de certain sur les expéditions ; j’espère pourtant que lorsqu’on se sera décidé à quelque chose, on n’oubliera pas les lauriers du Mincio.

C’est sur ces lauriers sanglans que nous avons déposé nos armes.

Faudra-t-il donc que tant de braves officiers et de généreux soldats, sacrifiés là pour conquérir la paix, sortent de la tombe pour crier honte et vengeance contre de lâches calomniateurs ! Tu n’as pas d’idée de ce qui se dit autour du général en chef[1] pour pallier l’horrible indifférence avec laquelle il a laissé assassiner nos braves.

Quelqu’un chez lui, par sa permission ou par son ordre, a osé dire, entre autres choses, que je m’étais fait prendre pour donner à l’ennemi le plan et la marche de l’armée. Le général Dupont et mes camarades, qui se trouvaient là, ont heureusement relevé ces pieds plats de la belle manière.

« Adieu, ma bonne mère ; je vais plier bagage et arriver… toujours trop tard au gré de mon impatience. Je t’embrasse de toute mon ame.

Que je vais être content de revoir père Deschartres et ma bonne !

« MAURICE. »
  1. Le général Brune.