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chérie et une femme ardemment aimée. C’est en 1804 seulement qu’il trouva plus de calme et de force dans la conscience d’un devoir accompli, lorsqu’il eut épousé cette femme que, bien des fois, il avait essayé de sacrifier à sa mère.

En attendant que je le suive, en le plaignant et en l’admirant, dans ces combats intérieurs, je vais le reprendre à Asola, d’où il écrivait à sa mère la dernière lettre que j’ai rapportée, à la date du 29 frimaire. Cette date marque un des grands événemens militaires de l’époque, le passage du Mincio.

M. de Cobentzel était encore à Luneville, négociant avec Joseph Bonaparte. Ce fut alors que le premier consul, voulant briser par un coup hardi et décisif les irrésolutions de la cour de Vienne, fit passer l’Inn à l’armée du Rhin, commandée par Moreau, et le Mincio à l’armée d’Italie, commandée par Brune. À peu de jours de distance, ces deux lignes furent emportées. Moreau gagna la bataille de Hohenlinden ; et l’armée d’Italie, qui ne manquait pas non plus de bons officiers et de bons soldats, fit reculer les Autrichiens, et termina ainsi la guerre en forçant l’ennemi à évacuer la Péninsule.

Mais, si la conduite de l’armée fut héroïque, là comme partout, si l’ardeur et l’inspiration individuelle de plusieurs officiers réparèrent les fautes du général en chef, il n’en est pas moins certain que cette opération fut dirigée par Brune