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n’est pas encore assez pure pour ne pas contracter les vices de l’égoïsme dans le repos et dans les jouissances matérielles. Aujourd’hui, l’on trouverait bien peu de familles où des collatéraux, en présence d’un héritage contestable, termineraient leur différend en s’embrassant et en riant à la barbe des procureurs.

Dans la lettre que mon père écrivit d’Ivrée à l’aîné de ses neveux, il raconte encore le passage du Saint-Bernard et l’attaque du fort de Bard. Les fragmens que je vais transcrire montrent combien on agissait gaîment et sans la moindre pensée de vanterie dans ce beau moment de notre histoire :

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« …… J’arrive au pied d’un roc, près d’un précipice où mon état-major s’était perché. Je me présente au général : il me reçoit. Je m’installe, je présente mon respect à Bonaparte. La même nuit, il ordonne l’attaque du fort de Bard. Je me trouve à l’assaut avec mon général[1]. Les boulets, les bombes, les grenades, les obus grondent, roulent, tonnent, éclatent de tous côtés. Nous sommes battus, je ne suis point blessé…..

« Nous tournons le fort en grimpant à travers les rochers et les abîmes. Bonaparte grimpe avec nous. Plusieurs hommes roulent dans les précipices.

  1. Je me trouve est bien joli. On a vu qu’il y avait été sans ordres, sans cheval, et pour le plaisir.