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il venait d’échouer. Après mille fatigues, nous arrivâmes dans la plaine, et comme j’étais à pied, le général Dupont, satisfait de ma promenade de la veille, me donna un de ses chevaux à monter. Je cheminai avec ses aides-de-camp, ceux de Bonaparte et ceux de Berthier, et au milieu de cette troupe brillante, un des aides-de-camp du général Dupont, nommé Morin, prit la parole et dit : Messieurs, sur trente adjoints à l’état-major général, M. Dupin, arrivé d’avant-hier soir et n’ayant pas encore de cheval, est le seul qui fût avec le général à l’attaque du fort. Les autres étaient restés prudemment couchés. Il faut que je te dise maintenant ce que j’avais deviné au premier coup d’œil. C’est que cet état-major est une pétaudière des plus complètes. On y donne le titre d’adjoint et on y attache quiconque est sans corps et sans distinction positive. Nous sommes cependant huit ou dix qui valons mieux que les autres et qui faisons société ensemble. L’état-major s’épure à mesure que nous avançons. On laisse les ganaches et les casse-dos pour le service des différentes places que nous traversons. Lacuée s’est bien trompé en te faisant valoir ces grands avantages de mon emploi. Nous sommes bien moins considérés que les aides-de-camp. Nous courons comme des ordonnances sans savoir ce que nous portons. Nous ne faisons point société avec le général et nous ne mangeons point avec lui.