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qui attendaient le moment de l’attaque. Je me mêle à sa suite, et, au moment où il tournait la tête, je lui souhaite le bonsoir. — Comment, me dit-il tout étonné, vous êtes là sans ordres et à pied ? — Si vous voulez bien le permettre, mon général. — À la bonne heure ! L’attaque commence, vous venez au bon moment. « On fit passer six pièces et des caissons au pied du fort. Les aides-de-camp du général les accompagnèrent, et je les suivis, toujours en me promenant. À moitié de la ville, il nous arriva trois obus à la fois. Nous entrâmes dans une maison ouverte, et, après les avoir laissé éclater, nous continuâmes notre route et revînmes, toujours escortés de quelques grenades ou de quelques boulets. L’attaque fut sans succès. Nous grimpâmes jusqu’au dernier retranchement ; mais les bombes et les obus que l’ennemi lançait et roulait dans les rochers, des échelles trop courtes, des mesures mal prises, firent tout échouer, et l’on se retira avec perte.

« Le lendemain matin, nous partîmes pour Ivrée. Nous tournâmes le fort, en grimpant, hommes et chevaux, à travers de roches, par un sentier où les gens du pays n’avaient jamais osé mener des mulets. Aussi plusieurs des nôtres furent précipités. Un cheval de Bonaparte se cassa la jambe. Arrivé à un certain point qui domine le fort, Bonaparte s’arrêta, et lorgna, de fort mauvaise humeur, cette bicoque contre laquelle