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et qu’avec Dieu les bienfaits ne sont jamais perdus.

« Je crois, puisqu’il le faut, que le parti que tu as pris est le plus sage ; ces victoires inattendues me le persuadent. Tu veux servir, c’est ton goût, c’est ta première destination. Tu peux, sous ce gouvernement, faire un chemin plus rapide, je le sais bien, que tu n’aurais pu l’espérer autrefois. Les hommes d’aujourd’hui aimeront à attacher à la chose publique les restes du sang d’un héros. Il ne s’agit point là de noblesse, mais de reconnaissance publique, et je ne suis point injuste ; je sais fort bien que ce qu’on appelait les gens de rien sont plus capables de cette reconnaissance-là que les gens haut placés ne l’étaient. Je l’ai éprouvé dans tout le cours de ma vie. Les premiers n’avaient devant les yeux, dans mes rapports avec eux, que la mémoire d’un grand homme dont ils appréciaient les services publics. Les seconds, prompts à oublier les services particuliers, auraient voulu effacer sa gloire par jalousie et par ingratitude. Ils me voyaient pauvre, sans crédit, sans famille et n’en étaient point touchés, Madame la dauphine elle-même, qui devait son mariage à mon père, trouvait mauvais que je signasse de son nom, et eût voulu pouvoir m’empêcher de le porter, tant la vanité rend injuste et ingrat.

« Tu peux donc, mon fils, faire un chemin où tu ne rencontreras plus de pareils obstacles.