première vue, il a l’air de Robert, chef de brigands. Sur la recommandation de Beurnonville, il m’a très bien reçu.
« J’ai reçu, comme je te l’ai dit, les 150 fr. que tu m’envoyais à Thionville et, en partant, j’ai tout payé, sauf le vin pour deux mois, qui se montait à 30 fr. Je paierai cela à Hardy qui a soldé pour moi.
Tu vois que mes libations aux camarades ne m’ont pas ruiné. J’ai mieux aimé partir sans le sou que de laisser des dettes derrière moi. Il est vrai que je n’ai pas fait fortune à la guerre, car, depuis quatre mois, les troupes ne sont pas soldées. Mais je ne sais où te prier de m’envoyer de l’argent. Sois tranquille, je saurai bien m’en passer comme les autres. Envoie-moi, si tu veux, l’adresse du général Harville. Je ne sais où le prendre. Adieu, ma bonne mère.
« Voilà, j’espère, une longue lettre. Dieu sait quand je retrouverai le temps de t’en écrire une pareille ! Mais sois certaine que je n’en perdrai pas l’occasion. Ne sois pas inquiète. Je t’embrasse mille fois de toute mon ame. Quel plaisir j’aurai de te revoir ! Dis à Deschartres que j’ai pensé à lui pendant la canonnade, et à ma bonne, qui aurait bien dû venir me border au bivouac. » Est-il nécessaire de rappeler la situation de l’Europe à laquelle se rattache le récit épisodique