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possède admirablement. Elle a fait venir un piano de Mayence, et elle le touche avec beaucoup de goût et de légèreté. Je vais aussi très souvent jouer du violon et chanter chez Mme Maret, femme du commissaire des guerres en chef à Cologne. Elle reçoit tout ce qu’il y a de mieux ici en Français, et le général y vient quelquefois.

« Nous avons eu une très belle revue, favorisée par un temps magnifique. Pour le coup, les plumets et les broderies ont brillé tout à leur aise. La musique était fort bonne, et tout cela me grisait.

J’étais heureux. Mais tout cela donne le goût du métier et ne me satisfait pas. Il est vrai que voilà la guerre recommencée sinon déclarée. Ce sera, j’espère, le signal de mon avancement. Que cette espérance ne t’effraie pas : songe qu’il y aura des remplacemens à faire dans les corps, et qu’il faudra bien que mon tour vienne.

Connais-tu rien de plus risible que les négociations de Rastadt ? On se fait de grandes politesses de part et d’autre, et on se canonne avec des protestations d’amitié. À la bonne heure !

« Ce que tu me dis de notre moisson prochaine n’est pas gai ; mais dans ma sagesse optimiste, j’ai imaginé que si le blé était plus rare il serait plus cher, et que tu n’y perdrais rien. Il est vrai que les pauvres, sur qui cela retombe, te retomberont sur les bras, et que tu en nourriras plus que de coutume. De loin, je vois bien que