« Et puis, outre cet attachement au sol, et cet esprit de corps, il y a encore l’amour de la patrie qui est autre chose et qui ne peut guère se définir ; tu auras beau dire, ma bonne mère, qu’il y a quelque chimère dans tout cela, je sens que j’aime ma patrie comme Tancrède : Qu’elle en soit digne ou non, je lui donne ma vie !
Nous avons senti tous ces amours-là confusément à travers le vin du Rhin, en trinquant à tout rompre, Fleury et moi, au Berry et à la France.
« Comment va ton pauvre métayer ; Ses enfans partent-ils ? Père Deschartres continue-t-il ses cures merveilleuses ? Monte-t-il ma jument ? Râcle-t-il toujours du violon ? Dis à ma bonne que, depuis qu’elle ne s’en mêle plus, mes chemises ne sont pas dans un état brillant. Elle était bien bonne avec son idée de se faire envoyer mon linge pour le raccommoder ! Le port pour aller et revenir coûterait plus cher que le linge ne vaut.
« Il s’est donné avant-hier un très beau bal ; le général y était avec ses aides-de-camp. Je fus le saluer, et il me fit très bonne mine. Il me demanda si je savais valser, et je lui en donnai vite la preuve. Je remarquai qu’il me suivait des yeux et qu’il parlait de moi à un de ses aides-de-camp d’un air de satisfaction. Tu n’aimes pas la guerre, ma bonne mère, et je ne veux