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L’allemand m’est ici de la plus grande utilité. J’ai servi dans tout le chemin d’interprète à la carrossée. Ils étaient désolés de me laisser à Cologne et de perdre leur trucheman. — Tu vas passer un hiver bien triste, toi, ma bonne mère, et cette idée seule m’afflige.

Mais j’espère être chargé de quelque ordonnance pour le département de l’Indre. J’irai encore te soigner, te caresser, te faire rire. Ta douleur est mon unique souci, car de tout ce qui peut m’arriver, je m’en moque, et suis certain de m’en bien tirer. » En attendant le général d’Harville, notre chasseur se promenait au bord du Rhin, et, malgré sa joie d’être militaire, il ne pouvait pas toujours prendre son parti sur l’absence de sa mère. « Les bords du Rhin me rappellent les bords de la Seine à Passy, lui écrivait-il à la date du 9 brumaire, et je m’y surprends tout triste, rêvant à toi, et t’appelant comme dans ce temps-là où nous étions si malheureux. » Il rencontre un aide-de-camp du général Jacobi, ils parlent musique, ils en font ensemble, et les voilà liés. Le général d’Harville arrive enfin, et, d’emblée, choisit le protégé de Beurnonville pour son ordonnance. Il lui promet un beau cheval, tout équipé, le plus tôt possible, car les chevaux étaient rares alors, et celui-là se fit longtemps attendre.