Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/182

Cette page n’a pas encore été corrigée

de Beurnonville, son ami, je serai employé d’emblée près de lui comme ordonnance. J’aurai donc un peu plus de mouvement, sinon dans le corps, du moins dans l’esprit, que si j’étais forcé de m’en tenir à la consigne du soldat caserné. Ainsi mes affaires vont bien, et sois tranquille.

« Tu apprendras par les journaux qu’il y a eu des troubles dans le Brabant, au sujet de la conscription. Les révoltés se sont emparés pendant quelques heures de la ville et de la citadelle de Malines ; mais les Français, à qui rien ne résiste, les en ont chassés, et en ont tué 300. On en a amené 27 à Bruxelles pendant que j’y étais, et j’ai vu, parmi eux, des gens de tout âge et deux capucins. La conscription n’était qu’un prétexte, et le projet des révoltés était de favoriser une descente des Anglais ; car ils s’étendent du côté d’Ostende et de Gand. Notre diligence s’étant cassée et nous ayant forcés de passer huit heures à Louvain, toutes les villes qui étaient sur la route, vinrent au-devant de nous. Le bruit s’était répandu que Bruxelles était en insurrection, parce qu’on ne voyait point arriver la diligence. Cette alerte s’est accrue au point que c’est la nouvelle du pays, et qu’on a peine à me croire, quand je dis que j’ai laissé Bruxelles fort tranquille. On fait descendre beaucoup de troupes de l’armée de Mayence, et on espère voir bientôt le Brabant pacifié. Je bénis de plus en plus, ma bonne mère, les soins dont tu comblas mon enfance.